Que peut prescrire une infirmière en France selon la réglementation actuelle ?
On me pose souvent la question : “Mais concrètement, en tant qu’infirmière en France, tu peux prescrire quoi ?” Spoiler : ce n’est pas open bar, mais il y a quand même pas mal de possibilités, surtout si tu bosses en libéral. La réglementation est hyper précise et évolue régulièrement (et oui, il faut suivre). Depuis plusieurs années, l’infirmière, qu’elle soit salariée ou libérale, peut prescrire certains dispositifs médicaux et produits de santé, mais aussi quelques actes, à condition de respecter le cadre légal.
Le décret du 13 avril 2007 a posé les bases, puis plusieurs textes sont venus compléter la liste et les conditions d’exercice. Le but ? Fluidifier le parcours de soins et permettre aux patients d’accéder plus rapidement à certains équipements indispensables à domicile, sans devoir passer par la case médecin à chaque fois. En 2025, la liste s’est allongée, mais attention, il y a toujours des règles strictes : tout n’est pas permis, et chaque prescription doit être justifiée par la situation du patient et rester dans le champ de compétences de l’infirmière.
En résumé, l’infirmière peut prescrire principalement des dispositifs médicaux liés aux soins qu’elle réalise elle-même (pansements, matériel pour perfusion, sondes, etc.), mais pas de médicaments (ou alors cas très exceptionnels, on y reviendra). Certaines situations d’urgence ou de suivi chronique permettent d’étendre un peu ce champ, mais toujours dans la limite des textes en vigueur. C’est précis, parfois frustrant, mais ça évite pas mal de dérapages et de responsabilités mal placées.
Les conditions à respecter pour qu’une infirmière puisse prescrire en toute légalité
J’ai vu passer des collègues (et même des patients) qui pensaient qu’avec le simple diplôme d’État, on pouvait sortir l’ordonnance à tout-va. Eh bien non. Pour prescrire légalement en tant qu’infirmière, il faut respecter plusieurs conditions, et chacune a son importance. Voilà ce que je retiens de mes années sur le terrain (et de quelques heures à relire les textes officiels, avouons-le).
Déjà, il faut être infirmière diplômée d’État et exercer en libéral ou dans un cadre autorisé (certains protocoles hospitaliers). Ensuite, il faut avoir suivi une formation spécifique à la prescription, validée dans le cadre du DPC (Développement Professionnel Continu). Pas de formation, pas de prescription possible. Cela garantit que tu sais ce que tu fais, et que tu connais les limites à ne pas dépasser.
Autre point clé : la prescription doit être liée à un acte infirmier réalisé pour un patient déjà pris en charge sur prescription médicale initiale. En gros, tu ne prescris pas à la chaîne, tu le fais dans le cadre d’un soin précis, pour un patient donné, et avec une traçabilité impeccable (le fameux dossier de soins à jour, même si ça prend du temps).
Enfin, il y a des mentions obligatoires à faire figurer sur l’ordonnance (identité du patient, type de dispositif, durée, etc.) et un respect strict de la liste officielle. Si tu sors de cette liste, tu te mets en danger, et tu mets le patient en difficulté (et la Sécu n’aime pas ça du tout). Bref, il faut être carré, mais c’est jouable si tu suis la règle du jeu.
Dispositifs médicaux et actes que peut prescrire une infirmière

Bon, on arrive à la partie que tout le monde attend : la liste concrète. Parce que c’est bien beau de parler de réglementation, mais toi, ce que tu veux, c’est savoir si tu peux prescrire tel ou tel matos à ton patient diabétique ou à ta grand-mère qui sort de l’hôpital.
Voici, en 2025, ce qu’une infirmière peut prescrire (hors situations dérogatoires exceptionnelles) :
- Pansements et matériel de soins : compresses stériles/non stériles, bandes, pansements hydrocolloïdes, hydrocellulaires, alginates, tulles gras, etc.
- Matériel pour perfusion et injections : seringues, aiguilles, cathéters, sets de perfusion, pompes à perfusion élastomériques, etc.
- Dispositifs pour sondage et incontinence : sondes urinaires, poches collectrices, étuis péniens, protections absorbantes, etc.
- Matériel pour soins d’oxygénothérapie : lunettes à oxygène, masques, tubulures, humidificateurs, etc.
- Dispositifs pour le diabète : aiguilles et lancettes pour auto-surveillance glycémique, lecteurs de glycémie (dans certains cas), dispositifs de sécurité pour injection d’insuline.
- Matériel pour nutrition entérale : sondes, poches de nutrition, tubulures, etc.
Cette liste n’est pas exhaustive, mais elle couvre l’essentiel des prescriptions courantes. Attention, pas de médicaments (sauf renouvellement très encadré de certains pansements médicamenteux), et pas de prescription de dispositifs “de confort” ou non liés à un acte infirmier.
Les limites et exceptions dans les prescriptions autorisées aux infirmières
Alors là, c’est le moment où je casse un peu l’ambiance : les limites sont nombreuses et il vaut mieux les connaître pour éviter les mauvaises surprises. J’ai déjà vu des collègues se faire recadrer sec après avoir prescrit “un peu trop large” sous prétexte de simplifier la vie du patient (la bonne intention, mais pas le bon cadre).
Première limite évidente : aucune prescription de médicament, sauf cas rarissimes comme certains pansements imprégnés ou renouvellement ultra-spécifique, toujours dans le cadre d’un protocole écrit. Les antibiotiques, antalgiques, et autres traitements restent donc le terrain exclusif du médecin.
Autre exception : tout ce qui touche aux dispositifs médicaux complexes (prothèses, fauteuils roulants, etc.), à la prescription initiale de dispositifs pour les pathologies lourdes (diabète de type 1, nutrition parentérale), ou aux actes invasifs non listés. Même chose pour la durée : l’infirmière ne peut prescrire que pour une période limitée (souvent renouvelable, mais toujours sous conditions).
Enfin, il y a les situations d’urgence, où l’infirmière peut exceptionnellement agir “hors cadre”, mais là encore, il faut justifier et tout tracer dans le dossier. Et si tu bosses en structure, certains protocoles locaux peuvent étendre légèrement la liste, mais jamais sans base réglementaire solide.
Bref, mieux vaut vérifier deux fois que pas assez. Un coup d’œil au texte officiel ou à la dernière mise à jour de l’ARS, et tu dors tranquille.
Prescriptions infirmières autorisées en France
| Type de prescription | Autorisé ? | Conditions principales | Remboursement Sécu | ⚠️ Points de vigilance |
|---|---|---|---|---|
| Pansements (hydrocolloïdes, tulles…) | ✅ | Acte infirmier en cours, formation validée | Oui | Respecter la liste officielle |
| Matériel de perfusion/injection | ✅ | Patient pris en charge, prescription médicale initiale | Oui | Traçabilité dans le dossier patient |
| Sondes urinaires et dispositifs liés | ✅ | Besoin justifié par le soin, ordonnance conforme | Oui | Durée limitée de prescription |
| Dispositifs pour diabète (aiguilles…) | ✅ | Selon la pathologie et le protocole | Oui | Pas d’insuline ni de stylos |
| Médicaments (hors pansements spéciaux) | ❌ | — | Non | Sauf rares protocoles dérogatoires |
| Prothèses, fauteuils roulants, etc. | ❌ | — | Non | Prescription réservée au médecin |
Ce tableau, je le garde sous le coude en cabinet et je le partage souvent à mes collègues. Il permet de clarifier d’un coup d’œil ce qu’on peut faire ou pas, histoire d’éviter les prises de tête avec la pharma ou la Sécu.
Les évolutions récentes du droit de prescription des infirmières en France
Si tu as l’impression que la liste change tous les deux ans, tu n’as pas rêvé. Depuis le début de ma carrière, j’ai vu la réglementation s’élargir petit à petit. Ce n’est pas encore la liberté totale, mais on sent une vraie volonté d’alléger le parcours de soins.
Dernièrement, la plus grosse évolution, c’est l’ouverture progressive vers de nouvelles responsabilités, notamment autour du suivi des pathologies chroniques et de la prévention à domicile. Depuis 2022, des expérimentations ont permis à certaines infirmières en pratique avancée (IPA) de prescrire un panel élargi de dispositifs, dans des conditions très encadrées. Pour les infirmières “classiques”, la liste des dispositifs médicaux a été revue à la hausse, notamment pour le diabète et la prise en charge des plaies complexes.
On parle aussi d’étendre à terme la prescription à certains médicaments dans le cadre de protocoles partagés avec les médecins (par exemple pour la vaccination ou le renouvellement de traitements chroniques simples). Mais attention, ce n’est pas encore généralisé, et ça fait débat dans la profession.
Mon conseil : reste en veille sur la réglementation (l’Ordre des Infirmiers, l’ARS, et les syndicats diffusent les infos à jour), et forme-toi régulièrement. Ce n’est pas juste une case à cocher : c’est aussi un vrai levier pour ton autonomie professionnelle… et pour la qualité des soins. Parce que prescrire, ce n’est pas juste une question de paperasse, c’est aussi une marque de confiance dans ton expertise.








