Courrier aux Députés et Sénateurs


Evry, le 12 février 2018


Mesdames et Messieurs les Députés,
Il aurait été difficile pour l’Union Départementale des Sapeurs-Pompiers de l’Essonne de vous adresser cette missive en même temps que les voeux que j’ai pu vous faire parvenir récemment du fait que son objet porte sur une forme d’exaspération dans nos rangs survenue à la suite de la publication du décret du 18 novembre 2017 portant promotion et nomination dans l’Ordre National du Mérite. Et je ne développerai pas l’arrêté du 10 janvier 2018 sur la médaille de la sécurité intérieure où les sapeurs-pompiers ne comptent que 202 récipiendaires pendant que la gendarmerie et la police réunies en obtiennent 601.


Outre le fait que le président de la République ait souhaité réduire de 50% et 25% les contingents civils dans les ordres nationaux de la légion d’honneur et du mérite dans le but de leur redonner tout leur sens et toute leur valeur, une certaine forme de négligence est apparue lorsque les sapeurs-pompiers retenus pour cette promotion furent que de 6 personnels… Devons-nous suggérer que les sapeurs-pompiers ne sont pas dignes de la Nation car pas suffisamment représentatifs de l’engagement citoyen, qu’ils ne portent pas les valeurs de la République et que leur engagement aux cotés des forces de l’ordre sur le terrain n’est pas assez important pour qu’ils bénéficient d’aussi peu de reconnaissance de la part de l’Etat ?


Il nous semblait pourtant qu’en écoutant les discours de nos Ministres, Parlementaires, ainsi que des Elus locaux lors de nos rassemblements départementaux, régionaux et nationaux, il en était tout autrement. Nous avons eu, semble-t-il, la naïveté de croire que nous comptions au sein de notre société dans la mesure où nous sommes très présents dans la vie au quotidien des Françaises et des Français à qui nous portons assistance et secours. Visiblement, la reconnaissance au plus haut niveau de l’état n’est pas vraiment au rendez-vous.


Les sapeurs-pompiers rencontrent une sollicitation opérationnelle en constante augmentation, nonobstant les spécificités liées à l’évolution de notre société ainsi que les agressions verbales et physiques qui ne vont pas en diminuant. Pourtant chacun de nous assure avec abnégation les missions quotidiennes qui lui incombent sur l’ensemble du territoire. On entend d’ailleurs souvent dire de la part de la population que le dernier service public de proximité qui tente encore de se battre pour servir dans les territoires les plus reculés, est le nôtre ! Cela ne semble pourtant pas suffire pour mériter davantage de considération de la part des représentants de notre belle République.


Nous restons bien évidemment solidaires à nos collègues Policiers et Gendarmes que nous considérons comme étant de véritables « Frères d’armes » sur le théâtre des opérations de secours. Ne voyez donc aucune forme de dichotomie dans cette démarche, même si l’on pourrait considérer que la passion l’emporte sur la raison. Notre esprit reste et demeure d’équipe, comme en intervention. Le clivage n’est donc pas d’actualité et nous revendiquons seulement un ratio de promus plus équitable entre tous.


Il serait vain et inutile de ma part de vous rappeler que les Sapeurs-Pompiers de France font partie intégrante des forces qui composent la sécurité intérieure du pays et que leur courage est connu et reconnu de tous nos concitoyens. Tout comme les soldats du front, nous avons des collègues qui décèdent en service commandés et l’actualité de ces dernières semaines en est malheureusement un témoignage. Il nous paraît naturellement inhumain que leur sacrifice sur l’autel du secours n’ait pas la même considération aux yeux de certains de nos décideurs. Considération qui, de toute évidence, semble être différente selon si l’on est ou pas militaires ou fonctionnaires de l’Etat. Il est vrai que les sapeurs-pompiers civils relèvent d’une collectivité territoriale et pas directement de l’état, mais leur engagement citoyen est tout aussi noble et l’abandon de leurs familles, loisirs, activités professionnelles à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit pour servir au mieux leur semblable devrait davantage être pris pour exemple. Mais d’aucuns diront que si nous le faisons, c’est parce que nous le voulons bien et de ce fait ne méritons pas la même reconnaissance de nos dirigeants.


Afin que l’Etat ne soit pas frappé d’amnésie, sachez que nos collègues des autres départements d’Ile de France ont rédigé un courrier similaire à l’attention de leurs élus pour qu’ils interviennent auprès du gouvernement dans le but que cette injustice ne soit plus à l’avenir et que les Sapeurs-Pompiers que nous sommes, engagés et porteur des valeurs de notre République, soient enfin reconnus comme véritables récipiendaires potentiels pour les prochaines promotions.


Restant naturellement à votre disposition pour échanger sur le sujet si vous le souhaitez, je vous remercie par avance des suites que vous pourrez donner à cette requête et vous prie d’agréer, Mesdames et Messieurs les Députés, l’assurance de ma considération la plus distinguée.


Commandant Patrick RAUSCHER
Président de l’UDSP91