CONGRES 2011

Allocution du colonel Richard Vignon, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, a l’oc­casion de la venue de Monsieur Nicolas Sarkozy, président de la République, au 118e Congrès national des sapeurs-pompiers

Nantes, Parc des Expositions de La Beaujoire, samedi 24 septembre 2011

Monsieur le Président de la République, Monsieur le Ministre, Monsieur le Député-Maire de Nantes, Mesdames, Messieurs, Chers amis sapeurs-pompiers,

Merci, Monsieur le Président, merci du fond du coeur, d’honorer de votre présence la clôture du 118ème Congrès de notre Fédération. Venus de toutes les régions de notre pays, les sapeurs-pompiers de France sont là, extrêmement heureux de vous accueillir. Ils connaissent votre fidélité et l’attention constante que vous nous portez. En leur nom, je souhaite vous dire toute la fierté qui est la leur, en ce moment, de la présence du Chef de l’Etat à leur congrès comme il y a déjà quatre ans. Ils savent très bien qu’une telle constance est exceptionnelle et ont bien conscience de la profonde reconnaissance qu’elle signifie, de la part de la République, à l’égard de leur engagement au nom de la Nation.

Dans ce site de la Beaujoire, je souhaite féli­citer les sapeurs-pompiers de Loire-Atlantique pour la qualité de leur organisation. Je sou­haite également remercier le maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault qui est notre hôte, et lui dire combien j’ai pu apprécier, son influence à l’Assemblée Nationale pour que la loi du 20 juillet dernier sur les sapeurs-pompiers volontaires bénéficie d’un vote unanime. Cette loi, issue d’une proposition du député Pierre Morel à l’Huissier, mais voulue par vous, M. le Président de la République, est une étape importante, pour ne pas dire capitale, de l’histoire des sapeurs-pompiers. Cette loi est porteuse de progrès en matière sociale. Elle n’oublie pas nos vétérans, encourage les employeurs, et accorde une meilleure protec­tion juridque pour les intervenants. Elle donne, enfin et surtout, un fondement légal au volon­tariat et sera une pièce essentielle lors de la refonte de la directive européenne sur le temps de travail : dans ce débat, les sapeurs-pompiers de France comptent sur le soutien de toutes les forces politiques de notre pays pour conforter les valeurs d’engagement citoyen, qui sont au coeur de notre modèle de sécurité civile. Ce modèle, envié par de nombreux pays, se tra­duit par un service de proximité géographique, où tous les départements, toutes les communes de France, y compris les plus reculés, sont défendus avec la même équité. Redisons avec beaucoup de force combien le lien entre les maires et leurs sapeurs-pompiers est capital,irremplaçable pour maintenir un volontariat actif dans les communes.

N’oublions jamais que la qualité première d’un secours est sa rapidité, et que toute com­pétence technique est vaine sans la proximité qui permet cette spontanéité. Notre modèle, c’est aussi et peut-être avant tout un service de lien social dévoué, toujours prêta intervenir. Je pense notamment aux 3 millions d’interven­tions de secours à personne effectuées chaque année. Monsieur le Président, il y a quatre ans, à Clermont-Ferrand lors de notre congrès fédéral, vous aviez décidé d’une réforme du secours à personne matérialisée par l’arrêté du 24 avril 2009. Certes, tout n’est pas encore partout réglé, mais quels progrès salués par tous, et en premier lieu par nos concitoyens heureux de bénéficier enfin de SDIS et de SAMU qui conjuguent leurs efforts à leur profit ! Merci à notre service de santé, merci à nos infirmiers. Je suis sûr que les derniers points de résistance, exprimés encore cet été, trouveront leurs solutions dans la recherche du progrès et du respect des engagements souscrits.

Enfin, notre modèle, c’est également, à un coût désormais maîtrisé : un service de compétence technique, d’effectifs conséquents, avec des capacités de réserve inégalées, qui, au-delà des seules missions de secours, crée du lien social entre nos concitoyens. Ce modèle vous l’aviez renforcé, M. le Président, comme auteur de la loi du 13 août 2004, où vous aviez été le promoteur résolu du principe de compétence partagée : les hommes et les femmes qui béné­ficient d’une expérience quotidienne dans les secours de proximité, doivent être, au premier chef, sollicités par l’Etat pour intervenir en cas de crise.

A ces forces de sécurité civile, il fallait, alors, donner du sens dans les missions et une orga­nisation. La création à votre initiative d’une direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, dotée d’une direction nationale des sapeurs -pompiers traduit cette ambition. Cela nécessite bien sûr une moder­nisation du statut des officiers, pour que l’Etat dispose des compétences de ceux qui, rompus à leur gestion, doivent préparer les crises et en commander le dispositif de lutte.

C’est dans ce contexte, je pense, Monsieur le Président, que vous me faites le grand honneur de me nommer Préfet. Les pompiers émanent de la Nation et dépendent de collectivités ter­ritoriales, mais l’essence même de leur mission est régalienne. J’ai pleine conscience d’avoir, comme mes collègues, servi déjà pleinement l’Etat. Je continuerai à le faire avec dévouementet loyauté, avec les compétences et les qualités acquises comme sapeur-pompier

Je n’oublie pas ce que je dois à la Fédération. Je n’ai aucune crainte pour son avenir. Après ces huit années où vous m’avez confié les bras de la charrue fédérale, je pars serein, car je suis convaincu que vous saurez choisir un nouveau laboureur de talent et d’expérience qui tracera, avec vous, comme nous l’avons fait, un sillon droit, profond, fécond, toujours vers l’avant, toujours dans l’intérêt général !

Depuis 130 ans, notre force est dans notre Union.

Alors, au moment pour moi de prononcer les derniers mots de mon dernier discours à cette tribune, permettez-moi, Monsieur le Président, de m’adresser aux sapeurs-pompiers de France pour évoquer avec eux toute l’amitié que nous avons partagée. Celle, vécue d’abord dans vos congrès départementaux ou régionaux, mes chers camarades. Je me souviens de la chaleur de vos accueils, le plaisir de nos retrouvailles, les larges poignées de main solides et cor­diales, les mots directs et francs que nous échangions. Le bonheur d’être ensemble avec les siens. Tout simplement.

Mais, par bouffées me remonte surtout à l’esprit l’amitié partagée sur le théâtre des opé­rations de secours. Vous savez celle que l’on ressent, après une dure nuit de lutte acharnée contre un incendie, où au petit matin, dans les fumerolles du feu qui s’éteint les soldats du feu se retrouvent au « cul du fourgon » pour griller une cigarette ou partager un café brûlant dans la fraîcheur de l’aube. Les yeux vidés, avec une vraie gueule de mineur, on enlève le casque, on déboutonne le veston de peau, on parle de tout, de rien, on refait le film. Il n’y a plus de colonel, il n’y a plus d’adjudant, plus de sapeurs. Il n’y a que des hommes qui fraternel­lement communient une même amitié. Celle qui repose sur la solidarité et sur le sentiment partagé du devoir accompli.

Et bien, la chaleur de l’amitié de leurs congrès, ou celle plus virile du cul des fourgons, les sapeurs-pompiers de France vous l’offrent ce matin, Monsieur le Président, sans fard ni fla­gornerie mais avec sincérité, pour ce que vous avez fait pour nous, et je le sais ce que vous ferez encore. Quant à moi, cette amitié, notre amitié, mes très chers camarades, elle m’habite au plus profond de moi-même et où que je serai, quoi que je ferai, je vous le promets, elle vivra toujours en moi. Je vous souhaite, à toutes et à toutes, bonne route, bonne continuation, bon courage Eric, et vive les sapeurs-pompiers de France.